Les pyramides des âges de 1911 (1245 habitants) et 1921 (1284 habitants) présentent similitudes et différences, ces dernières engendrées par la Grande Guerre.
Ressemblances
Deux pyramides à base (0- 20 ans) large (forte natalité), à sommet (40 –80 ans) effilé (faible espérance-vie moyenne), aux tranches d’âge moyennes (20-40 ans) réduites . Deux raisons essentielles expliquent ce dernier caractère : d’abord, l’exode rural . Le solde migratoire est nettement et continuellement négatif : de 1911 à 1921 : le nombre d’ »émigrants » surpasse celui des « immigrants » de 500 unités. Ensuite, la surmortalité touche encore les femmes en couches.
Différences
Premier effet de la Grande Guerre : alors que la pyramide de 1911 reflète une histoire nationale extérieure pacifiée (la guerre de 1870 est « loin » et s’est traduite, pour notre commune, par un unique tué ; certes, il y a bien les guerres coloniales, mais comment évaluer leur impact démographique ?), celle de 1921 présente un « coup de hâche »..
Ce dernier, nettement visible, est celui des pertes directes, c’est-à-dire militaires ; il s’étage sur 6 tranches d’âge. 57 mobilisés sont morts au combat, à l’hôpital ou à leur domicile.
De là, l’inversion de la supériorité numérique : 197 hommes pour 167 femmes de 20- à 40 ans en 1911, 173 hommes et 196 femmes pour les mêmes tranches en 1921. Parmi ces dernières, quelques veuves blanches (fiancées dont le promis a disparu)…
L’exode rural, surtout féminin, d’avant-guerre, à peu près complètement enrayé au cours du conflit (du maintien des femmes à la terre dépend l’avenir économique de l’exploitation agricole, privée de maints bras masculins, ) reprend, la paix revenue…
Second effet du conflit, la chute verticale de la nuptialité et donc de la natalité, en dépit de l’augmentation sodomienne ou gomorrhienne du nombre de naissances hors-mariage… Cette chute de la natalité apparaît sur la tranche 0-4 ans plus que sur la suivante…
Entre 1914 et 1918, le comportement démographique des couples mariés est très divers. Ainsi, quatre couples de non-mobilisés font sept enfants .
Ainsi, à Kermoine, un père de 5 enfants en 1914, né en 1873, atteint rapidement le nombre d’enfants qui exempte l’impétrant de tâche militaire :
Année de naissance de l’enfant |
Prénom de l’enfant |
Age du père à la naissance de l’enfant |
1905 |
Pierre Louis |
32 |
1908 |
Joseph |
35 |
1910 |
Lucie |
37 |
1912 |
Bernadette |
39 |
1914 |
Paul |
41 |
1915 |
Jeanne |
42 |
1916 |
André |
43 |
1916 |
Alice |
43 |
1920 |
Yves |
47 |
Les mobilisés renonçant à atteindre ce nombre-plancher salvateur, adoptent, consciemment ou non, l’une des quatre « stratégies » suivantes :
quatre ménages renoncent définitivement à procréer
treize s’interrompent momentanément (« reprise » en 1919)
dix-huit attendent sagement l’après 11 novembre 1918 pour « descendre les échalotes du grenier »