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Analyse des recensements de 1911 et 1921 sur la commune

résultats comparés
Publié le lundi 26 janvier 2009.


résultats comparés des recensements de 1911 et 1921 : l’analyse de Jean Yves Michel



Les pyramides des âges de 1911 (1245 habitants) et 1921 (1284 habitants) présentent similitudes et différences, ces dernières engendrées par la Grande Guerre.

Ressemblances

Deux pyramides à base (0- 20 ans) large (forte natalité), à sommet (40 –80 ans) effilé (faible espérance-vie moyenne), aux tranches d’âge moyennes (20-40 ans) réduites . Deux raisons essentielles expliquent ce dernier caractère : d’abord, l’exode rural . Le solde migratoire est nettement et continuellement négatif : de 1911 à 1921 : le nombre d’ »émigrants » surpasse celui des « immigrants » de 500 unités. Ensuite, la surmortalité touche encore les femmes en couches.

Différences

Premier effet de la Grande Guerre : alors que la pyramide de 1911 reflète une histoire nationale extérieure pacifiée (la guerre de 1870 est « loin » et s’est traduite, pour notre commune, par un unique tué ; certes, il y a bien les guerres coloniales, mais comment évaluer leur impact démographique ?), celle de 1921 présente un « coup de hâche »..

Ce dernier, nettement visible, est celui des pertes directes, c’est-à-dire militaires ; il s’étage sur 6 tranches d’âge. 57 mobilisés sont morts au combat, à l’hôpital ou à leur domicile.

De là, l’inversion de la supériorité numérique : 197 hommes pour 167 femmes de 20- à 40 ans en 1911, 173 hommes et 196 femmes pour les mêmes tranches en 1921. Parmi ces dernières, quelques veuves blanches (fiancées dont le promis a disparu)…

L’exode rural, surtout féminin, d’avant-guerre, à peu près complètement enrayé au cours du conflit (du maintien des femmes à la terre dépend l’avenir économique de l’exploitation agricole, privée de maints bras masculins, ) reprend, la paix revenue…


Second effet du conflit, la chute verticale de la nuptialité et donc de la natalité, en dépit de l’augmentation sodomienne ou gomorrhienne du nombre de naissances hors-mariage… Cette chute de la natalité apparaît sur la tranche 0-4 ans plus que sur la suivante…

Entre 1914 et 1918, le comportement démographique des couples mariés est très divers. Ainsi, quatre couples de non-mobilisés font sept enfants .

Ainsi, à Kermoine, un père de 5 enfants en 1914, né en 1873, atteint rapidement le nombre d’enfants qui exempte l’impétrant de tâche militaire :


Année de naissance de l’enfant

Prénom de l’enfant

Age du père à la naissance de l’enfant

1905

Pierre Louis

32

1908

Joseph

35

1910

Lucie

37

1912

Bernadette

39

1914

Paul

41

1915

Jeanne

42

1916

André

43

1916

Alice

43

1920

Yves

47


Les mobilisés renonçant à atteindre ce nombre-plancher salvateur, adoptent, consciemment ou non, l’une des quatre « stratégies » suivantes :

  • quatre ménages renoncent définitivement à procréer

  • treize s’interrompent momentanément (« reprise » en 1919)

  • dix-huit attendent sagement l’après 11 novembre 1918 pour « descendre les échalotes du grenier »

  •  
  • quarante-trois couples, profitant des permissions, engendrent soixante-deux enfants.
Jean Yves Michel