Procréation anticonformiste, 1910 - 1924

La Première Guerre mondiale marque une rupture dans bien des domaines, y compris celui du conformisme en matière de procréation...

Dans les années qui précèdent immédiatement la Grande Guerre, la population adulte jeune du Poher est, au grand soulagement des prêtres catholiques, relativement « sage » : en effet, très peu de communes atteignent ou dépassent 6 % de « bâtards », alors que le taux moyen français atteint 8 %. A la veille du premier conflit mondial, les communes les plus dévotes et les plus ancrées à droite (Collorec, Cléden, Motreff) sont aussi les plus conformistes. La petite ville (Carhaix) et la Montagne (Scrignac) sont moins orthodoxes. Quant à Plounévézel, elle étonne et en remontre à Poullaouen, où, pourtant, la pulsion consistant à fêter Pâques avant les Rameaux est souvent incoercible….

Au cours du conflit, dans toutes les communes du Poher, le taux de naissances hors-mariage atteint des sommets, qu’on ne constatera à nouveau qu’à partir des années 1980. Avant de partir ou de repartir au front, les permissionnaires ne songent pas à procréer, mais à goûter à un plaisir gratuit. Même les communes bien pensantes (Collorec, Cléden) n’échappent pas au phénomène.

Au lendemain de la Grande Guerre, le taux décroît, mais pas au point de retrouver le niveau d’avant-guerre. Un « pli » semble avoir été pris. Ce que traduit le recteur de Cléden dans son journal de 1920 : « les fêtes des poilus ! Elles sont propres ! Déjà deux bâtards en janvier et on en annonce d’autres ! »