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Edouard Baron

Publié le mercredi 10 octobre 2007.


Edouard Baron, décembre 1924 - septembre 2007

Ma première rencontre avec Edouard, est relativement ancienne. Elle remonte au pardon de 1959 ou 1960, à la chapelle Ste-Catherine. Lorsque mon, père, victime de ses 90 kg et des vrillettes qui avaient affaibli le banc au centre duquel il s’était assis, tomba sur le dos en plein sermon, Edouard ne fut sans doute pas le premier, mais il ne fut pas le seul à s’esclaffer. Edouard Baron

Deuxième rencontre, à l’occasion de la campagne des élections municipales de 1977 : « Tu me connais, hein ? » me lança-t-il ... Oh ! Que oui... Il obtint un total personnel de voix très élevé, le second des 26 candidats. En 1983, il fut réélu conseiller municipal. Pendant six années, avec Hélène Mével, Daniel Pierre, Jean Pierre Boudoin et Jean François Rohou, nous constituâmes une opposition modérée, dans tous les sens du terme, à la majorité conduite par Xavier Berthou.

En 1989, il ne se représenta pas devant les électeurs, mais fit campagne activement, des années 1990 à 2007, pour les candidats modérés aux élections cantonales ou législatives.

En 1990-1991, aiguillonné par son épouse, Edouard s’opposa à la dévolution de la chapelle Ste-Catherine à une « Eglise orthodoxe », une « secte », qui désirait louer ou acheter l’édifice. L’Evêché donna raison à Edouard qui, en contrepartie, fonda l’Association des amis de la Chapelle .

Il trouva de l’argent, public ou privé (des dons), le soutien de l’abbé Jaouen, le concours d’une équipe de terrassiers - manutentionnaires, fabricants de « colle » et maçons bénévoles, tous gros travailleurs, gros mangeurs, mais buveurs de plus faible capacité, ne résistant pas à la plaisanterie, même et surtout facile.

Edouard aimait à réunir chez lui, devant une ou deux bonnes bouteilles et un gros gâteau épongeur, son équipe de « bras articulés », pour donner forme aux projets de restauration de la chapelle.

L’organisation des agapes qui suivaient la messe du pardon de mai et se tenaient dans l’enclos, lui tenait à cœur. Il se faisait aider, mais avait l’oeil à tout... C’est à cette occasion qu’il revoyait ses amis d’école, de régiment, de concours agricole...

Il aimait à rendre service, il aimait le travail longuement et bien fait, il aimait passer voir ses amis du « secteur », Raphaël, Gilbert, François... Il était un excellent agriculteur qui, avec quelques autres, montra que les Cornouaillais étaient capables, eux aussi, de bâtir une agriculture efficace . Il donna toute sa mesure dans le domaine de l’élevage des bovins Charolais. Il fit installer un circuit de télévision à Lamprat ; la caméra, placée dans l’étable, lui permettait, depuis l’écran qui lui faisait face dans sa chambre à coucher, de surveiller les vêlages nocturnes et ainsi, au besoin, d’aller aider la nature à faire correctement son travail... Au cours de sa carrière d’éleveur, ll ne fut pas épargné par les accidents physiques : des taureaux le coincèrent, le piétinèrent ; en 2003, il fut brûlé au cuir chevelu au cours de l’incendie d’une étable...

Le 13 septembre dernier, vers 18 H 15, il voulut achever de fendre du bois. Ignorant que le tracteur était en prise, Edouard le mit en marche depuis le sol. La machine avança et lui passa sur le corps. Il eut le temps de dire à ses proches : « Dites au revoir pour moi à tout le monde, car je ne reviendrai pas à Lamprat ».

A ceux qui le pratiquaient souvent, il apparaissait comme un homme attachant, généreux, sachant demeurer discret.. Comme le dit sobrement et efficacement la vox populi : Edouard, c’était quelqu’un.

Jean Yves MICHEL