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LES PRENOMS PORTES PAR LES PLOUNEVEZELIENS EN 1911

Publié le vendredi 3 mars 2006.


Le dépouillement des recensements est très instructif.

On peut repérer des indications démographiques et subodorer des drames familiaux. On peut aussi retracer les parcours géographiques des uns ou des autres. Enfin, on peut s’essayer à évaluer les influences respectives de la République et de la religion catholique sur les esprits des parents, à travers un paramètre en apparence anodin : les prénoms attribués aux enfants...



Les prénoms à forte connotation religieuse l’emportent largement sur ceux dont la signification théologique est peu prononcée comme Alain, Albert, Isidore, Théophile, et même Jacques ou Simon ou encore Thomas. Aucun prénom n’a été attribué par des parents ouvertement anticléricaux : pas de « Napoléon » comme à Châteauneuf-du-Faou, ou de « Jaurès ». Il faut attendre les années 1925-34 pour que le recteur de Plounévézel interdise en chaire l’utilisation de prénoms qu’il se refuse à nommer et à attribuer à des nouveaux-nés.

Et pourtant, Plounévézel est ancrée politiquement à gauche depuis 1876. La commune est républicaine et est déjà, en 1911, une terre d’exil pour un prêtre.

Parmi les prénoms les plus fréquents figurent ceux de la parentèle du Christ (Anne, grand mère), Marie, Joseph, puis les prénoms des apôtres : Jean, Pierre...

Autre caractère : la prédominance des prénoms composés. Pour quelles raisons ? Pour attirer sur le bénéficiaire plusieurs protections ? Ou pour être en mesure de faire à coup sûr la distinction entre des enfants qui, sinon, porteraient tous le même prénom : Yves-Louis, Yves-Marie, Pierre-Yves, Yves. Manque d’imagination ? Conformisme ? Une hypothèse parmi d’autres : dans les maigres héritages dévolus à des hoirs nombreux, figuraient des almanachs des Postes et Télégraphes, seuls recueils de prénoms de baptême (noms des saints des jours de l’année) ; ces almanachs étaient partagés, comme le reste ; chaque héritier n’en emportant qu’un morceau, l’éventail des prénoms des futurs enfants s’en trouvait d’autant réduit...

Quelques exemples :

La famille Hernot, de Kergroas : le père et le fils portent le même prénom : Yves ; l’une des filles s’appelle Jeanne comme sa mère ; les trois autres filles se prénomment : Anne-Marie, Marie-Anne, Marie-Yvonne.

Les Goadec, du Bourg

Yves-Marie (1866) - Marie Louise Thépault (1868) - Louis-Marie (1892 ) - Marie-Joséphine (1893 ) - Pierre-Marie (1895) - Louise (1898) - Yves-Marie (1900) - Anastasie (1906)       

Les mâles reçoivent beaucoup plus que les filles le prénom de François,(e), prénom jacobin, qui sent son école des hussards noirs de la République. Pourtant, Yves, le prénom du saint patron de la Bretagne est largement attribué. Mais aucun Plounévézélien n’est prénommé François-Yves ou Yves-François, comme si les deux prénoms étaient antinomiques. Et puis un prénom local, Catherine, est abondamment dévolu aux filles. Seuls , deux mâles sont pourvus d’un prénom breton : Trémeur ...